Poèmes du cycle "Évasions imaginaires"
Le guérisseur des nuits malades
Silence. Les cieux se taisent. Seul le
mal vagabond
Crie dans la nuit avec sa voix de chouette ;
Un nuage noir sirote mon souffle moribond ;
Spectres verdâtres dansent dans l’obscure chambrette.
Lourdeur. Le corps se glisse dans
l’amère mélasse
Des années fatiguées tassées dans la brouette ;
Entre moi et le monde le pont solide se casse.
L’esprit blessé mendie de l’espoir. Que des miettes…
Des rideaux de lumière descendent sur
les ombres ;
Le paysage change, se meurent les pensées sombres ;
Un oiseau bleu annonce que la nuit va finir.
Des murmures réveillés à l’horizon
lointain
Jettent gaiement dans le monde un tout nouveau matin ;
Et le soleil me touche afin de me guérir.
(deuxième prix au Concours International de Sonnets 2014)
Jésus
Tu es venu, Jésus, mais je ne T'ai pas vu
Si l’être ou l’esprit ou la bouche te priaient La Vierge Bleue de Chartres
Au lieu de ciel, des murs de cathédrale
Comme autres fois Claudel, perdu dans ses pensées
Mais tout d’un coup le verre se casse et frissonne
La femme se voûte les épaules; s’évertuant
The Blue Virgin me parle d’une toute petite voix. Je lui dis: „- Ne pleure pas, ma mère, Christ est ressuscité !” ”- Oui, oui...”- dit-t-elle –„ mais vous l’avez ignoré... Et je ne pleure pas mon fils, mais vous, dont j’ai pitié...”
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Le tableau de Gavrila
C’est quoi le chiffre trois?
Quand je pense à la croix, à sa forme, à ses sens
Nous
sommes ici aussi, maintenant Ils trouvent ce monde
très convenable Sic transit la gloire
et la vie
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Poèmes du cycle "Évasions imaginaires"
Amour conjugué
J’existe parce que tu existes
Tu existes si j’existe
Il existe si nous le partageons
Nous existons si nous nous aimons
Vous existez pour vous étonner
Ils existent pour nous blâmer
Luciole, larme de lune
Qui es-tu ?
Écoute les gouttes de pluie
Elles disent que le destin terni
se joue sur leur peau argentée
Elles viennent et s’en vont résignées
comme les larmes, ces gouttes chaudes
qui inondent nos âmes lourdes et nos cœurs,
coquilles fermées de solitude, aux perles
qui pleurent en nous, à l’intérieur.Luciole, larme de lune,
Étoile en quête d’aventure vagabondant
Dans l’univers qui pousse de l’herbe
Je baisse les yeux pour regarder
le ciel que tu mis à mes pieds
ciel qui tomba sous mes pas
insouciant de ses diamants
que j’écrase malgré moi, en marchant.
La grandiose céleste nuit
Se fit tout à coup si petite
Que tu la cachas sous un pli
Et depuis lors, je rêve, je vis,
Je vis en plein soleil qui brille
Et qui s’éclate sur mes jours
et sur mes nuits.Tu lavais tes mains dans les eaux de Saint Jean
Et par ce geste simple se dévoila l’énigme
As-tu donc compris l’étrange paradigme
Qui dessine mon monde né voici un an ?Pas besoin de savon, l’eau se charge de tout
Nettoie l’âme tachetée d’ennuis solitaires
Redorant les désirs qui cessent de se taire
Devant le mystère de cet hiver doux.Tu penses et tu existes dans ce monde cruel
Que je voyais vide avec mes yeux morts,
Où je vis à peine et où je vis à tort,
Cachant mes angoisses sous grimaces pastel.Dorien-musique, gamme en dorien
Notes tristes, timides, aux nuances antiques
Gouttes de sang blanc dégoulinent sceptiques
Sur la roue trop vieille du figé moulin.Tout ce monde nouveau, vieux depuis un an,
Dont les eaux muettes lavent toujours tes mains,
D’où vient-il, du Bien ou bien du Malin ?
Est-il bien réel ou caprice errant ?
A la porte de son âme
L’hirondelle s’est blottie à la porte de son âme
Il neige sur les fleurs de printemps
des clochettes de muguet ébouriffées par le vent
La neige et les fleurs chassent les feuilles mortes
de nos cœurs endormis.
Est-ce le trille ou le cri
de l’oiseau qui secousse les abîmes
de nos âmes soudainement fleuries ?Dialogue d’énigmes
L’énigme 1 demande
- Que fabriques-tu, ma grande ?
L’énigme 2 répond
- Devine ce que je ponds.Écrase la coquille
Et tue la diablerie
Ensuite, tourne l’engin
Toujours en sens divinLe cœur blanc renaîtra
Et alors tu comprendras
Que dans le vieux panier
A fleuri un muguetEt en deux mots, ma sœur,
Quand on a des rancoeurs,
Il faut chercher la fleur.28. 02. 08
La souffrance – maladroit maître potier
sculpte mon âme, la creuse
en la gravant profondément,
de plus en plus profond
tellement creuse, mon âme
tellement ample sa profondeur
qu’elle ne peut plus se contenir
oh, si seulement j’avais eu
une âme plate comme une verte prairie !mon âme, argile silencieuse, fut torturée
et elle vécut ainsi... ni ronde ni pleine
elle prit la forme de l’entonnoir,
le goût amer d’absinthe, l’haleine
du vent moribond, soleil noir
aux bords larges, étroite en profondeur
en moi, elle s’est tellement approfondie
qu’au bout elle se déchire et s’amincit
pour finalement se casser
à travers l’invisible orifice
mon âme dépouillée de vice
s’écoule vers l’au de làle rêve me sème dans cette plate pairie…
d’un grain d’or vert s’accroît le Paradis
24. 02. 2009